On distingue trois périodes dans l’œuvre de Laganne

La plus connue est clairement sa période abstraite qui commence en 1955 chez Facchetti, sous les auspices de Michel Tapié, puis se déploie chez Stadler.

De vastes et somptueuses toiles,… une matière épaisse, travaillée,… des dominantes de gris, vert, noir, brun qui évolueront progressivement vers des couleurs plus chatoyantes, toujours de l’acrylique,….en permanence une forme, en réserve, unique au début, double parfois mais qui va se complexifier progressivement, dont les contours seront soulignés d’un trait toujours plus vigoureux,… des projections qui donnent ce  rythme si particulier.

 

La période expressionniste est brève, 1948 à 1954. C’est le moment ou J. Laganne vient de plus en plus souvent à Paris, avant de s’y installer définitivement en 52,  se frotte à ce milieu artistique en ébullition d’après guerre, échange avec Dubuffet...Les thèmes sont philosophiques : l’Homme, l’Humanité, l’Amour, le Couple,… parfois plus violents : la Femme fragile et pure face à la lubricité de l’homme, le lupanar, la femme soumise… ou politiques : les Mineurs en grève… Ce sont des huiles épaisses, travaillées au couteau… C’est une peinture en phase avec le sujet.

Au début l’œuvre de Jeanne Laganne est purement figurative. Aucune tentation cubiste ou surréaliste…Après les copies faites dans les musées, les portraits et les dessins sont la partie sage, montrable, pastel de l’œuvre de Jeanne Laganne… Mais à coté de cela il y a les peintures à l’huile, les portraits de caractères, de personnages ayant une gueule... On devine déjà une forte personnalité. Il y a de la matière, on sent la comédie humaine, ou plutôt la tragédie humaine, cette sensibilité à l’autre, ce regard qui va au fond du cœur, de la personnalité… Puis il y a la découverte de l’Algérie, de la lumière méditerranéenne, de ces nouveaux visages.