Site du peintre Jeanne Laganne
Biographie > Période expressioniste

Jeanne LAGANNE multiplie les séjours à Paris et les expositions dans les Galeries et les salons :
Galerie Carmine (novembre 1946), Salon d’automne (1947), puis Jeanne Laganne franchit un pas avec sa première grande exposition, dans un style expressionniste avec 25 toiles à la Galerie Jeanne Castel (mai 1948) avenue Matignon.

 Suite à cet évènement  Jean Dubuffet lui écrit une lettre très amicale : « Vos peintures m’ont donné très grand plaisir, sont très intéressantes, ont beaucoup de pouvoir, d’écho, sont très chargées de courant. J’ignore quel succès feront à cela les cuistres parisiens qui gouvernent par le moyen des journaux et de revues imbéciles l’opinion des milieux dits artistiques ». En fait la critique n’est pas mauvaise : « Peinture d’un expressionnisme fougueux » dans les Nouvelles Littéraires, « Jeanne Laganne présente des monstres et des personnages de cauchemar de belle manière » dans les Lettres Françaises, « Art franchement expressionniste, l’art de Laganne se signale par la cruauté de ses sujets, l’acidité de ses thèmes et la puissance émotive des moyens » dans Arts, « Une révélation. Des toiles expressionnistes d’une étonnante intensité. Quelques traits, quelques touches suffisent à l’artiste pour vous émouvoir au plus profond de vous-même. Ca dépasse parfois Rouault » dans Rayonnement.
Sur le plan technique Laganne peint en quatre phases :
- L’idée, le thème de la future toile
- Les croquis au crayon sur un carnet à dessin, souvent plusieurs croquis à la suite où l’idée s’affine, prend corps puis, dans la version qui lui sembles aboutie, des notes en marge indiquant les couleurs a utiliser
- Un dernier croquis colorisé
- Et enfin la toile
Parfois on retrouve le même sujet sous forme de dessins, de gouaches, de gravures et d’huiles.
Fin des années 40 et début des années 50 c’est aussi la période ou Laganne s’essaye à la gravure. Non pas pour exposer et vendre mais pour maîtriser la technique. Elle prend pour thème les sujets de ses tableaux. Les tirages sont très rarement numérotés et signés et l’on peut considérer qu’il s’agit là d’un travail personnel.
Les expositions s’enchainent : Galerie du Faubourg (1950), Galerie MAI (Novembre 1951)  et le style continue d’évoluer.
1952 : Jeanne s’installe  définitivement à Paris dans cette capitale qui vit une véritable révolution artistique. C’est aussi en 1952 que Jeanne Laganne publiera son deuxième roman « Les bras ouverts » qui décrit son arrivée à Paris, son obsession de la peinture et son flirt de plus en plus poussé avec le Parti Communiste.
 
Par l’intermédiaire de Jean Dubuffet elle a connu Michel Tapié , le conseiller artistique de la Galerie Drouin, mais aussi celui qui est en passe de devenir l’un des quatre critiques de référence de cette révolution artistique qui se produit dans le Paris de la libération et dont l’étincelle date de 1943 avec l’exposition Fautier à la galerie Drouin et 1944 avec l’exposition Dubuffet au même endroit.
 
Paris vit vraiment au début de ces années 50 une véritable agitation artistique ou les non figuratifs, bien que divisés en courant et sous courants, s’opposent aux figuratifs, aux surréalistes, aux neo-cubistes, s’apostrophent, pérorent. L’abstraction lyrique, chaude, s’oppose à l’abstraction géométrique, froide. 
Aux cotés de ces peintres et des galeries qui les soutiennent, un grand nombre de critiques d’arts qui animent des rubriques importantes, souvent plus d’une demi page, dans les différents quotidiens de la capitale et publient de nombreux ouvrages. Michel Seuphor, Michel Ragon, Francois Pluchard et surtout Michel Tapié sont de ceux là. Pour couronner cette agitation créatrice, des revues spécialisées comme Art d’aujourd’hui puis Cimaises voient le jour. Ce que l’on a appelé la Nouvelle école de Paris n’avait en fait aucune unité !
 
Michel Tapié de Céleyran (1909-1987) quant à lui, est un homme élégant, aussi intellectuel qu’aristocrate, capable de parler aussi bien de cigares et de football que de littérature ou de physique nucléaire. L’une de ses très grandes qualités était de rendre immédiatement intelligent celui qui prenait la peine de l’écouter même si, hors la peinture, sa compréhension des problèmes qu’il abordait pouvait paraître un peu brumeuse à beaucoup. Son expression la plus courante était : « Comme vous le savez… ». Suivait un long développement mêlant mystique Zen, Lois de Cantor et les responsabilités de l’artiste.
Petit neveu de Toulouse Lautrec, élevé chez les jésuites, il avait commencé par dilapider sa fortune personnelle dans une usine de traitement des algues marines, puis s’était tourné vers le vitrail et la sculpture dans l’atelier de Ozenfant avant de s’investir dans la défense de la modernité en peinture sans cesser de s’intéresser de très près à la musique, ni de jouer de la contrebasse. Dans les années 1950-1960 il est devenu avec quelques autres le grand critique d’art contemporain, le promoteur de «  l’Art Autre », le conseil de nombreuses galeries en Europe, en Amérique latine et au Japon.  C’est vraisemblablement Dubuffet qui présenta Tapié à Jeanne Laganne lors de sa première exposition chez Drouin en 1944.
Tapié qui assurera une promotion enthousiaste de Jeanne Laganne et de tout un groupe de peintres abstraits pendant près de 20 ans. C’est notamment lui qui lui présentera le photographe et galeriste Paul Facchetti qui la fera rentrer dans son écurie de peintres et de sculpteurs. Facchetti est le premier galeriste avec qui Laganne passe un contrat.

Dans cette époque de bouillonnement artistique des galeries s’ouvrent de tous cotés et soutiennent le mouvement en cours  avec un parti pris non dissimulé pour tel ou tel courant : Douin place Vendôme, Jeanne Castel, Avenue Matignon, déjà citées. Il faut aussi parler de la Galerie Colette Allendy qui lancera l’abstraction lyrique en 1948 au travers de sa célèbre exposition intitulée « L’imaginaire », la galerie des deux Iles, place forte de Michel Seuphor et bien entendu le Studio Facchetti.

Né en 1912 en Italie, Paul Facchetti est fils de peintre et photographe. C’est un découvreur de talents. Il est avant tout connu pour avoir défendu dans la décennie de l'après-guerre le courant de l'abstraction lyrique et contribué à révéler en Europe, avec Jackson Pollock, la peinture américaine alors en plein essor. A Paris, le studio qu'il ouvre en 1951, rive gauche, au 17, rue de Lille, dans le quartier de Saint-Germain des-Prés, est né sous le double auspice de la peinture et de la photographie. Tout d'abord studio photographique, la galerie d'art en a gardé l'esprit de laboratoire. Le terme de "studio" n'est pas sans évoquer la recherche et l'expérimentation auxquelles Paul Facchetti est toujours resté attaché, alors que celui de "galerie", plus traditionnel, appelle l'idée de collection, collection qu'il n'a jamais par ailleurs cherchée pour lui-même à constituer.
Son activité de photographe se poursuit après l'ouverture de la galerie, et de manière plus réservée avec certains artistes qu'il expose, avec lesquels se noue une amitié, et dont il réalise les portraits : Wols, Fautrier, Ossorio, Mathieu et Dubuffet, Henri Michaux... D'autres encore viennent, Breton, Dalì, Benjamin Perret, Mandiargues, Paulhan. En défendant un courant qui ne reniait ni l'expression du corps ni la spontanéité du geste, Paul Facchetti a tenté d'en explorer les confins. 
Il s'est signalé par des choix inattendus au regard des courants dominants, qui ont valu au studio de garder l'étiquette de galerie pilote, prenant parti pour des artistes qui n'étaient pas des valeurs sûres sur le marché de l'art. Dans ces années où les critiques s'exprimaient avec passion, Jeanne et Paul Facchetti concevaient leurs expositions comme des lieux de rencontres et d'échanges entre artistes et intellectuels, amateurs et collectionneurs, dans l'esprit de susciter un événement et non d'assurer la pérennité des artistes. Défricheur de talents, Paul Facchetti a été en cela porteur d'espoir pour de jeunes artistes, quand bien même il ne les a que peu accompagnés au long de leur carrière - ce que certains ont pu lui reprocher, n'assurant pas une continuité de vente - mais tel n'était pas l'esprit du studio. De fait, c'est moins en marchands qu'en amateurs que Jeanne et Paul Facchetti se décidaient sur une œuvre. Le Studio Facchetti a toujours privilégié les voies de l'innovation à celles de la consécration. 

C’est en  Mars 1953, un an après son installation définitive à Paris que Jeanne Laganne fait sa première exposition personnelle au studio Paul Facchetti, 17 rue de Lille. Une exposition de Groupe avec les peintres et sculpteurs du Studio suivra immédiatement en octobre de la même année : deux expositions la même année, un véritable lancement !  
 



Liens

Musée d'Art Moderne

Ses collections, riches de plus de 8000 oeuvres illustrent différents courants de l'art du XXème siècle

 

FNAC

Le Fonds national d'art contemporain (Fnac) détient 3 oeuvres de Jeanne Laganne

 

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