Site du peintre Jeanne Laganne
Biographie > Rencontre avec Jean Dubuffet

Ses Sœurs Marie et Renée CANAVAGGIA  sont installées dans la capitale et les visites que Jeanne leur rend sont aussi une occasion de contacts avec le milieu artistique parisien. Jouvet, Giraudoux, Céline, Dubuffet

Marie Canavaggia est traductrice. C’est aussi  la secrétaire et la correctrice de Louis Ferdinand Céline pour qui Dubuffet a une profonde admiration. Les deux hommes font donc connaissance par l’intermédiaire de Marie Canavaggia et c’est  tout naturellement que Jean Dubuffet fait appel aux talents de traductrice de cette dernière pour traduire les critiques de ses premières expositions aux Etats Unis dès 1947

C’est donc par sa sœur ainée que Jeanne fait la connaissance du futur pape de l’art brut et qu’elle réalise que c’est « là », à Paris, que ca se passe. Dans son livre « Les bras ouverts », publié en 1952, elle écrit : « J’ai regardé ce que faisaient les autres : j’ai été stupéfaite. Ces toiles là aucun peintre ne les auraient faites dans la solitude : elles étaient le produit de cerveaux frottés les uns contre les autres, très vite, très fort, jusqu'à faire jaillir des feux d’artifice à tout incendier. Des surenchères stupéfiantes. Plus de sens, plus de sensibilité, plus de bon sens, un parti pris de sens dessus dessous peut être, mais quelle audace, quelle liberté !... ».

La rencontre avec DUBUFFET et la multiplication des voyages à Paris sont déterminants dans l’évolution de la peinture de Jeanne LAGANNE. Jean Dubuffet (1901-1985 ) lui-même est en pleine recherche. 

Pendant les 25 premières années de sa vie d’adulte Dubuffet a dirigé l’entreprise familiale et peint par intermittence. Ce sont des aquarelles, des gouaches et des huiles au vocabulaire postcubiste, mais qui n’en laissent pas moins transparaître les signes d’une personnalité naissante.  

L’élément fondateur de son œuvre est sa première exposition en 1944 à la galerie Drouin ou il vient de faire connaissance avec Michel Tapié, le conseiller artistique de la galerie, ainsi qu’avec Jean Paulhan, Paul Eluard, Francis Ponge, Jean Fautrier…

Les deux peintres se rencontrent à Paris comme à Alger (1947), s’écrivent dès 1945, échangent. La peinture de Jeanne Laganne se libère, progressivement la matière de ses toiles s’épaissit, les personnages prennent une allure ou le fantastique se mêle à l’inquiétant.

Jean Dubuffet lui écrit dans une lettre de 1947 « Ce que vous me dites de l’effet stimulant qu’ont exercé sur votre travail mes peintures me donne une grande joie ». Il faut dire que le peintre dans ses recherches, dans sa rupture, est déstabilisé par la critique : « Vous avez vu comment les journaux m’ont traité et me traitent encore ? Je suis cette semaine homme aussi célèbre que le docteur Petiot. Je n’ai pas besoin de vous dire je pense que tous ces articles ignominieux sont faits d’affirmations complètement fausses. ».

Les deux artistes se soutiennent, se recommandent l’un l’autre auprès de galeries, commentent leurs évolutions, se font des recommandations. Toujours en 1947, après son passage à Alger, Jean Dubuffet écrit : « J’ai eu l’impression que vous êtes arrivée assez loin dans le chemin qui peut vous mener à des créations fortes et intéressantes et que vous approchez ces créations, mais que vous n’y êtes pas encore tout a fait, la technique vous manque ; il vous faut à force d’essais et de tâtonnement inventer de manière plus décisive les techniques qui vous conviennent, les découvrir et mettre au point l’une après l’autre (vous serez aidée par le hasard pour ces découvertes pour peu que vous deveniez experte à le laisser fonctionner et le mettre à profit) ( et vous verrez qu’en mettant au point vos techniques c’est aussi vos conceptions elles même qui se mettront au point du même coup, l’un portant et entrainant l’autre). Tels qu’ils sont, et déjà au point ou ils sont, vos travaux m’ont paru fort intéressants et tels, qu’ils donnent à penser ( et votre personne et votre conversation aussi le donnent à penser) que vous êtes susceptible de parvenir quelque jour à quelque chose d’important. ».

 Il faut dire que cette période qui va de 1945 à 1955 est particulièrement agitée sur le plan artistique pour Jeanne Laganne. Cet abandon du monde figuratif et ce passage à l’abstraction est loin de ce faire en une fois ! Il s’étale sur dix ans. C’est une période de recherche, de remise en cause permanente tant sur les plans personnels qu’intellectuels et artistiques.
La peinture est aussi influencée par le cheminement politique de Jeanne LAGANNE qui se gauchit jusqu'à aboutir à l’adhésion au Parti Communiste, sans que sa peinture n’adhère, ne fut ce qu’un instant, au « réalisme socialiste » qui ne fut qu’un pétard mouillée ; en mars 1950 DUBUFFET lui écrit, mi amusé, mi admiratif : « Etes vous toujours aussi passionnée pour l’amélioration de la vie des hommes par le moyen d’une plus équitable distribution des richesses ? » : des ouvriers, des gueules. Dans deuxième roman publié en 1952 « Les bras ouverts » il y a cette scène : « j’ai regardé : sur un mur de chaux au dessus du poêle, il y avait de grandes traces de fumée. J’ai longé la force de ces traces, j’ai suivi leur étirement vers le haut ; ces lignes m’avaient l’air de celles qui pouvaient avoir un sens… Et tout à coup j’ai vu, j’ai vu deux formes. Ah oui, de ces mineurs dont on parlait en ce moment, « à la pointe du combat », comme on disait. Ils étaient là, hautains, hiératiques, chevalier de la guerre moderne, tels que, toute seule je ne les aurais jamais imaginés, bien plus beau qu’en réalité ils ne pouvaient l’être, d épouillés par ce passage à travers la matière inerte de l’était mon travail d’animer. » .

 



Liens

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Ses collections, riches de plus de 8000 oeuvres illustrent différents courants de l'art du XXème siècle

 

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Le Fonds national d'art contemporain (Fnac) détient 3 oeuvres de Jeanne Laganne

 

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